Un bon bol d'air...

Beau parleur Nombre de messages : 433 Date d'inscription : 04/03/2007

*Troisième ou quatrième porte ? Flute alors, dans son souvenir il n'y en avait pas quatre. Lanitz avait du en faire construire une pendant son absence.

Il faut dire que c'était fichtrement grand comme palais, ça y'avait pas à dire, les babyloniens n'avaient pas lésiné sur les mistrels pour multiplier les portails monumentaux, les fausses colonnes en stuc -ça faisait toujours grande impression sur les visiteurs, surtout sur ceux auxquels on racontait que c'était du marbre- et les fresques représentant les victoires de quelques héros au poitrail gonflé et au regard sombre.

Tiens il y en avait justement un planté devant elle avec sa lance brandie et son chevak en train de mourir sous lui. Il avait l'air malin, avec sa petite jupette et ses bras tout gonflé par l'effort !* Altea le dévisagea deux secondes... *Qui avait pu commander un sujet pareil parmi les seigneurs babyloniens ? Encore un qui doit être passablement inquiet sur sa virilité ...*

- Au fait, l'immortel en culotte courte, t'aurais pas une idée de la direction dans laquelle se trouve ma tour ? ... Tu ne réponds pas ? Tu préfères m'ignorer et te concentrer sur ton épieu ? Pppfff, continue donc à jouer les Achille de pacotille...

Altea décida finalement que la seconde porte devait être la bonne. C'était la plus proche et elle n'allait quand même pas se compliquer la vie. Elle s'ouvrait sur un long couloir d'où filait de nombreuses galeries. Altea vira à gauche à la troisième, une nouvelle fois à gauche de suite, et rétablit son équilibre en prenant un passage sur sa droite.

*C'est quand même pas possible. Ils ont tout changé ici. Je ne reconnais rien. Ils ont du vouloir me faire une surprise. En plus il n'y a pas un chat dans les couloirs. Où sont-ils tous passés ? Ah pour mon départ, ça ils auraient bien voulu être là mais au retour personne, rien, nada... Et Lanitz qu'avait dit qu'il serait fier de moi, tu parles ! Et Napo et Ben, ils sont où ? Et ma Jade à moi, elle me manque, elle devrait être là pour me sauter au cou !*

- Jade, Jade, houhou !! Où es-tu ? C'est moi, Altea-a-a ! Lanitz, Ben, Napo, allez répondez quoi ! Soyez sympas !

*Et les autres, les “nouveaux”, je les vois pas plus...Quand je pense que Jade m'avait dit qu'ils seraient tous à mes pieds, que j'allais avoir des tonnes d'admirateurs, qu'ils se battraient pour mes faveurs ! Pour l'instant je me bats surtout les flancs ! Ils avaient l'air mignon pourtant, et drolement bien élevés, polis, galants et tout. Mais ils sont tous à courir après d'autres dames...!*

Beau parleur Nombre de messages : 433 Date d'inscription : 04/03/2007

Altea continua sa progression, heurtant parfois un élément du mobilier qui semblait avoir une facheuse tendance à bondir vers elle. Elle déboucha sur une terrasse à l'air libre. Elle mit un bon moment à repérer sa tour * oui ça devait bien être la sienne, d'ailleurs elle reconnaissait le chevrefeuille qu'elle avait fait pousser autour de la fenêtre de sa chambre, zut, ça voulait dire qu'elle faisait totalement fausse route, elle n'avait d'ailleurs aucune idée de comment elle allait la rejoindre* et avisa alors la table qui était dressée au bout de la terasse, juste en surplomb d'un verger.

Il lui sembla une bonne idée de prendre un instant de repos sur le banc qui la jouxtait. Elle déposa sa gerbe de lilas et se surprit à jeter un regard sur le cruchon posé sur la table. Elle perçut l'odeur du gratzch et se saisit d'un geste prompt d'un des verres qui entouraient le pichet.

- Tiens, du gratzch ! Je goûte juste...

Elle se servit un fond de gobelet qu'elle avala sans plus tarder.

- Eh ! Mais c'est que c'est de la qualité ! Je parierais qu'il a été vieilli au moins 15 ans, et dans un tonneau de bois parfumé pour l'arrière-goût persistant...

Altea reposa son verre. *Quelle pitié de laisser ce gratzch se dénaturer ainsi à l'air libre. On ne devrait pas le laisser comme cela plus de deux heures. Je suis sûre qu'il a déjà perdu une grande partie de sa saveur. Il pique un peu , je l'ai bien senti. Oh, mais je vois que tout va à vau l'eau ici depuis mon départ. D'ailleurs c'est quand même étrange qu'ils aient tous insisté ainsi pour que je m'absente, je n'étais quand même pas si atteinte...*

Altea se resservit plus largement et repassa dans sa tête les jours qui avaient précédé son départ le mois précédent.

Beau parleur Nombre de messages : 433 Date d'inscription : 04/03/2007

C'était Lanitz qui lui avait demandé le plus instamment de partir. A chaque fois qu'il la croisait dans les couloirs, il lui jetait un coup d'oeil désolé et prenait gentiment de ses nouvelles. Altea se sentait un peu mal à l'aise en repensant à ces entrevues. Elle lui annonçait d'un air léger ses pertes de la veille en se dandinant d'un pied sur l'autre et en tortillant nerveusement la manche de sa robe.

Chaque journée obéissait alors pour elle à un rituel immuable. Du lever du soleil à son coucher elle parvenait tant bien que mal à tenir son rang de dame babylonienne. Elle fuyait les récéptions, évitait les entrevues trop prolongées avec ses pairs et se contentait de déléguer la gestion de ses domaines à ses intendants. Elle avait renvoyé chez eux ses soldats leur souhaitant bonheur et prospérité, ses domaines étaient en paix depuis des mois et ne nécessitaient pas de soins constants.

Mais à la première ombre, Altea devenait nerveuse. Sa main se portait constamment vers la poche intérieure où se trouvait sa petite clé en bronze, ses pas la ramenanient sans cesse, sans qu'elle en eut conscience vers sa pièce secréte, et immanquablement elle se retrouvait à vider les revenus de la journée dans sa grande bourse avant que la nuit ne fut tombée.

Après cela ce n'était que le souvenir vague que lui laissait l'excitation du jeu. Elle se précipitait chez les parieurs gouvernementaux et y passait une large partie de sa nuit, n'en ressortant que la bourse plate et les nerfs épuisés.

Privée de sommeil, ne touchant plus que du bout des lèvres aux plats qu'on lui servait, Altea était peu à peu devenue une zombie, du moins se voyait-elle en devenir une dans les regards affligés des seigneurs babyloniens.

Elle perdait peu à peu intérêt en toutes choses, même ses chers jardins ne parvenant plus à la captiver.

Dreky faisant sa promenade matinale dans les jardins de Babylone
comme à son habitude, après des soirées bien arrosées.
Au détour d'une allée, il vit dame altéa déambuler telle une zombie, que pouvait-il bien traverser son esprit pour qu'elle ne le vit point??
Devait-il l'interrompre dans ses pensées au risque de se prendre un coup mal placé?Il ne le savait point.
Dame altéa tenait quelque chose dans sa main, que pouvait-elle tenir à ce point dans ce poing fermé?

Dreky décida de s'approcher tout doucement pour ne pas l'effrayer et arriva à sa hauteur pour savoir s'il pouvait l'aider.

- hum hum bonjour dame altéa!
Je suis heureux de voir en ces lieus. Puis-je vous être d'une utilité ou aide quelconque?
Je vous regarde depuis tout à l'heure et vous me sembler soucieuse.
Auriez-vous des ennuis?

Beau parleur Nombre de messages : 433 Date d'inscription : 04/03/2007

Mais Lanitz n'était pas le seul à se préoccuper de l'évolution de sa santé. Un matin, Dreky, l'aborda avec tellement de précautions qu'Altea comprit le pitoyable spectacle qu'elle devait offrir. Elle mobilisa tout ce qui lui restait de fierté pour lui répondre :

- Oh, cher Dreky, je suis seulement plongée dans mes projets de réorganisation des jardins, veuillez pardonner mon inattention. Je songe à implanter un massif d'hortensias ici ; avec un peu d'ardoise, ils offriront une agréable nuance de bleu avec les iris.

Puis elle s'empressa de s'enfuir. Elle sortait de sa nuit chez les parieurs et l'excitation du jeu l'avait laissé sans forces réelles.

Quand Lanitz lui suggéra de prendre un peu de repos, elle le prit fort mal. Elle savait bien qu'elle était en train de sombrer mais reconnaître sa déchéance -surtout devant Lanitz- lui était insupportable.

Lanitz avait battu en retraite et avait juste eu l'air encore plus malheureux.

Il lui avait finalement proposé de partir un mois pour renouveler ses connaissances arboricoles dans une de ses exploitations modèles. Les jardins de Babylone avaient besoin d'être agrandis, de nouveaux arrivants ne possédaient pas encore le leur ; des arbres étaient morts, d'autres avaient grand besoin d'être renouvelés ou revivifiés.

“Nulle autre que toi ne peut le faire” avait-il dit. Akuma, Renegade, Mafioso et Dreky lui avaient garanti qu'ils n'imaginaient pas de vivre sans leur propre jardin et qu'ils étaient désireux d'avoir de la nouveauté.

Mais ce qui avait emporté sa décision, ce fut quand Jade l'avait suppliée de remettre sur pied son “parcours des douceurs”, une allée où alternaient cerisiers et pêchers et bordée de framboisiers.

Bien sûr, Altea savait que tout cela n'était que prétextes destinés à lui permettre de sauver la face ; mais elle était sensible à l'effort commun consenti par ses compagnons et aux sentiments amicaux qu'il traduisait.

Et puis elle avait fini par prendre peur elle aussi ; non de sa dépendance grandissante au jeu, elle savait depuis toujours que c'était un poison mortel. Mais l'inquiétude qu'elle provoquait chez les babyloniens lui semblait un témoignage suffisant qu'elle encourrait désormais un grave péril.

Quand elle annonça à Lanitz son départ, celui-ci laissa éclater sa joie, qu'il serait “fier d'elle”, à un point tel qu'Altea fut tentée de tout annuler : offrait-elle donc un si triste visage ?

Le soir, elle pleura de rage sur son lit en regardant la médaille que lui avait laissé son père. Elle décampa en catimini avant l'aube, son départ lui faisait horreur.

Beau parleur Nombre de messages : 433 Date d'inscription : 04/03/2007

La première semaine elle s'était jetée de toutes ses forces dans les travaux des champs. Lanitz ne lui avait pas menti sur un point : son exploitation était vraiment un exemple de rectitude et de travail bien fait.

L'intendant, vieil homme digne et raide, avait accueilli avec prévenance l'amie de son maître ; s'il avait été mis au courant des tentations d'Altea, il n'en laissa rien paraître. Il la confia au soin du plus expérimenté de ses jardiniers, dont l'équipe était chargée de la recherche des variétés les plus productives d'arbres fruitiers.

Altea passa de longues journées à greffer, désherber et replanter. Elle collecta des graines et mit de côté de jeunes plants.

Elle se surprit à éprouver une grande joie à cette vie simple et rude, qui avait comme un goût d'enfance.

Un après-midi, elle fut envoyée dans la partie réservée aux abricotiers avec deux autres aides. Le soleil était haut et tapait dur. Altea passa une grande partie de la journée les bras haut levés, pour éliminer les fleurs surnuméraires.

Ce fut sans malice qu'elle ingurgitea une large rasade de gratzch du flacon que lui avait passé un de ses compagnons. Elle faillit à l'abord tout déglutir -Altea n'avait jamais consommé que de l'eau, et considérait avec dédain ceux qui s'abandonnaient aux douces rêveries du gratzch- puis se ravisant elle considéra avec attention les senteurs qu'elle percevait.

Dès lors elle fut perdue. Elle entreprit l'exploration systématique de la cave du domaine, fascinée par ce monde nouveau qui s'offrait à elle par l'infinie douceur que semblait lui apporter la consommation sans limite du gratzch.

Non contente de boire du matin au soir, elle exigea des paysans du domaine qu'ils se joignent à elle. “La boisson n'est décidément pas un exercice solitaire” se plaisait-elle à scander avec un large sourire. Les paysans avaient d'abord hésité à la rejoindre, par crainte des punitions, mais elle leur avait garanti que son “bon ami le seigneur Lanitz” ne saurait prendre en mauvaise part que ses paysans s'adonnent à aussi joyeuse activité. Ne voulait-il pas leur bonheur, leur avait-elle déclaré ?

L'intendant, impuissant à rien empêcher avait préférer regarder de côté. En quelques jours, l'exploitation modèle était devenue une gigantesque bacchanale. Les arbres dépérirent. Les bêtes les plus faibles moururent et les récoltes pourirrent sur pied.

Quand Altea reprit le chemin de la Babylone, les caves n'étaient pas loin d'être vides, l'intendant envisageait les différentes formes de suicide et les paysans sortaient lentement d'un long rêve alcoolisé.

Beau parleur Nombre de messages : 433 Date d'inscription : 04/03/2007

Le voyage lui avait donné le temps de dessouler – l'intendant avait pris soin de la renvoyer sans aucune goutte de gratzch dans ses basques et sous la houlette du seul homme de l'exploitation qui avait résisté à la tentation, son propre fils.

Altea arriva donc en vue de Babylone avec le vague sentiment que son séjour n'avait pas pris exactement la direction qu'il aurait du prendre. * Et bien quoi, je n'ai pas misé un mistrel au casino depuis un mois, c'est bien ce qu'ils voulaient tous, quand même !*

Elle avait congédié son chaperon devant la porte du jardin des fleurs de montagne. L'homme avait bien bafouillé qu'on lui avait recommandé de la convoyer jusqu'au seigneur Lanitz, mais Altea avait juré de le livrer aux vautours s'il ne tournait pas bride sur-le-champ.

Elle avait fait à pied le reste du chemin. La traversée des jardins l'avait calmée ; elle avait revu avec plaisir les rocailles et les allées dérobées, et s'était même accordé une heure d'errance dans le labyrinthe enchanté.

Altea avait redécouvert les mille senteurs des jardins babyloniens. Elle avait cueillie des brassées de lilas multicolores pour embaumer sa chambre et s'était approchée les bras chargés du palais.

Elle avait été surprise de ne croiser personne ; le voyage et la promenade l'avait fatiguée, elle décida de faire un simple crochet par les cuisines pour s'y désaltérer d'un gobelet d'eau.

C'est ce “simple crochet” qui avait mis Altea dans l'état de joyeuse hébétude qui transformait son trajet vers ses appartements en un jeu de piste dans les palais babyloniens.

Beau parleur Nombre de messages : 433 Date d'inscription : 04/03/2007

*Bon cette fois c'est le dernier* se jura Altea en se versant le reste du cruchon. Elle avala d'un trait le contenu de son verre, rafla ses fleurs sur la table et reprit sa progression.

Elle marqua subitement le pas au milieu d'un couloir : elle reconnaissait la grande porte en chène sombre sur sa droite. Elle était sure qu'elle donnait sur une enfilade de salles qui débouchait sur sa propre terrasse. Ravie, Altea tourna la poignée et appuya sur la porte... qui ne bougea pas d'un centimètre.

*Porte de malheur, si tu crois que tu vas m'empêcher de passer, tu te trompes !* Altea se recula de deux pas, prit son élan et se jeta de tout son poids sur le panneau qui pivota avec une étonnante facilité sur ses gonds. Altea poursuivit sur sa lancée cet ample mouvement de pivot, tenta de se rattraper en lançant ses bras tout à droite, puis à gauche essémant ses lilas aux quatre coins de la pièce d'apparat de Babylone.

Le grand conseil babylonien vit avec étonnement Altea s'abattre au milieu de la pièce dans une explosion colorée de fleurs.

Altea releva la tête en souriant :

- Les amis, je suis tellement heureuse de vous revoir ! Voilà, je reviens de ma cure ; vous pouvez me féliciter, je suis totalement guérie du jeu. Par contre vous allez être déçus côté jardinage : je crois que j'ai développé une allergie aux fleurs. C'est que leur parfum est terriblement troublant : regardez dans quel état ça m'a mise !

Elle se redressa, épousseta sa robe, et jeta un regard timide sur l'assemblée.

- Je crois que le mieux, c'est que j'aille chercher un vase pour ces fleurs. Jade je les mettrai dans tes appartements si tu veux bien.

Et elle sortit en ajoutant :

- Ne vous inquiétez surtout pas pour mon allergie, ça passera surement avec l'arrivée de la saison froide.

[HRP : toute participation bienvenue bayloniens et non-babyloniens -Altea]

Jade sursauta en voyant la porte littéralement céder sous l'énégie d'Altéa. Elle ouvrit de grands yeux surpris devant le spectacle. Elle eut à peine le temps de se relever de sa chaise pour aller aider la dame à se relever qu'elle était déjà debout et sur le point de partir.

Jade avait envie de la prendre dans ses bras et lui dire combien elle était heureuse de la revoir. et la féliciter d'avoir arrêter le jeu. Mais elle s'arrêta un instant regardant les bras d'Altéa qui étaient couverts de plaques rouges.

Surement l'inquiètude perçait car Altéa s'empressa de la rassurer. Et de lui proposer de déposer les fleurs parfumées et colorés qu'elle venait de ramasser.

Avant qu'Altéa ne franchisse la porte, Jade faisant fi des convenances la prit dans ses bras.

Tu m'as manqué Altéa, je suis si heureuse de te revoir enfin...
Laisse donc ces fleurs et raconte nous donc ce que tu as fait pendant ton voyage... Pourquoi n'as tu rien dit de ton départ... Nous nous sommes fait du soucis.

En ce qui concerne tes allergies, nous trouverons surement une solution... Ce serait une terrible affaire, si tu ne pouvais plus t'occuper du choix de nos plantations, vraiment.

Elle dessera son étreinte et se recula d'un pas pour sentir les fleurs que tenait Altéa.

Mmmh c'est un délice vraiment, d'ailleurs je te remercie pour le "parcours des douceurs", je n'ai pas encore pu en profiter réellement, mais l'alliance des couleurs et les parfums sont un plaisir des sens vraiment... Tu es une fée.

Beau parleur Nombre de messages : 433 Date d'inscription : 04/03/2007

Altea avait fait aussi vite qu'elle le pouvait pour regagner la porte de sortie. Mais dans l'état où elle se trouvait, sa vitesse de pointe était celle d'un escargot asthmatique. Et Jade, ah la toujours aimable et gentille Jade s'était déjà précipitée pour l'aider.

Altea n'en cru d'abord pas ses oreilles. Jade semblait avoir véritablement cru à ses histoires d'allergie. * Elle se fiche de moi, ce n'est pas possible, un aveugle verrait que je suis ronde comme une queue de pelle ! *

Altea avait bien du mal à accomoder et n'osait pas regarder Jade en face * Et si par hasard elle était sincère ? Peut-être n'a-t-elle réellement rien vu ? Surtout je ne dois pas lui parler en face ! Avec l'haleine que j'ai, elle va tout comprendre en cinq secondes...Oh, Jade, ma Jade adorée, si jamais tu pouvais continuer à me faire confiance après cela, je te promets que je ferai tout pour m'amender ! Elle me làche le bras, super je vais pouvoir m'en sortir ! Allez Altea ma fille tu dis au revoir poliment et tu t'éclipses !*

- Heu pour le parcours des douceurs, je n'ai pas encore fait grand chose, mais j'ai ramené quelques plants intéressants et ...

*Altea s'interrrompit en pensant à ses échantillons. Quelle cruche, je les ai oublié dans la cuisine en faisant mon "petit crochet" ; si ça se trouve un cuisinier va tomber dessus et mettre à la poubelle mon sac comme un tas de vieux déchets. Cette pensée la fit trembler et perdre un peu plus contenance.*

- ...je dois aller aux cuisines ! Mon sac ! Le crochet ! J'ai oublié les... Oh je regrette tant !

Altea le sentait elle n'allait pas pouvoir continuer longtemsp comme cela. D'un côté son ventre la travaillait sévèrement -c'est qu'elle n'était encore qu'une alcoolique débutante et que le gratzch prenait vraiment totalement le contrôle de son corps. De l'autre, l'émotion accumulée depuis des jours, des mois ressortait maintenant d'une seule traite.La gentillesse de Jade, la menace de la perte de ses plantes, tout cela formait un tourbillon menaçant dans la tête d'Altea, tourbillon qui s'enfonçait dans sa gorge, la serrait et la mettait au bord des larmes.

*Non je ne vais pas m'effondrer. Je suis Altea, connétable de la Babylone, la plus valeureuse de leurs guerrières, un monstre froid et cruel ; je ne fais pas de quartier et tous me craignent.*

Altea tourna sur elle-même et fit face aux babyloniens. Elle chercha dans sa tête des mots d'orgueil et de défi , des mots de courage, l'évocation de ses victoires passées, elle voulait affirmer sa valeur.

Puis un souvenir lui traversa l'esprit et son visage s'apaisa brusquement :

- Babyloniens mes amis, je ne puis vous cacher plus l'évidence comme je me la cachais à moi-même. Un dangereux mal m'atteint : mais ce n'est ni le jeu, mon ennemi d'hier, ni l'alcool mon ennemi d'aujourd'hui. Ils ne sont que les armes qu'il emploie. La mélancolie m'assaille, mes amis, et ne saurait me laisser en paix.

Altea sentit ses muscles se détendre. Elle adressa un large sourire aux babyloniens et son souvenir se nuança. Dans sa tête son père lui tapotait désormais gentiment l'épaule en lui disant " Le courage c'est d'affronter ses fantômes".

Jade ne savait pas quoi dire, elle n’avait rien vue, elle s’en
voulait de n’avoir pas lu la détresse de son alliée et amie. Que pouvait-elle
faire contre cela, elle-même avait du subir des tracas avec le départ d’Audircbx,
mais elle ne voyait pas quel pouvait être la cause du mal d’Altéa.

Elle n’avait pas cherché à la joindre pendant son absence,
elle s’en voulait terriblement et le remord l’envahissait, elle rougissait de
honte de s’être si mal conduite.

Altéa… Tu nous as tellement manqué, nous allons prendre soin
de toi, ne te surmène pas trop, rien que ta présence est pour nous source de
joie… Je t’en prie ne pense pas que tu sois un poids pour nous ou quoi que ce
soit… Je m'en veux de ne pas avoir compris que tu allais mal...

Elle la prit à nouveau dans ses bras pour lui faire déposer
un bisou sur la joue. Elle n’avait pas remarquée que la dame avait prit de l’embonpoint,
trop heureuse de la revoir pour prendre en considération ce genre de choses.

Beau parleur Nombre de messages : 433 Date d'inscription : 04/03/2007

Altea se sentit particulièrement soulagée après son aveu. Voilà, avec sa dépression posée sur la table, ce n'était plus seulement son "problème" mais celui de tout le groupe. Cela avait du bon de mutualiser sa folie, elle se sentit légère pour la première fois depuis des mois.

Jade l'avait prise dans ses bras et lui faisait des bisous en lui sussurant des mots apaisants. *Bon ce n'est pas tout à fait le genre d'étreinte dont je rêve mais c'est quand même bien agréable... Cela dit si un des grands dadais qui se dandinent sur ses pieds en regardant ailleurs d'un air gêné pouvait avoir la bonne idée de faire comme Jade, ce ne serait pas plus mal. Mais il ne faut pas y compter, ils m'ont l'air d'avoir qu'une idée c'est d'esquiver la folle désormais. Ah y'a pas à dire côté sentiment et compassion, les seigneurs faut pas trop leur en demander...Bon faut dire que je les avais pas franchement encouragés jusque là mais ils devraient bien voir que là j'ouvre les vannes...Allez-y les gars c'est le moment de ramener vos grandes épaules de prendre votre voix chaude et rassurante et de me promettre que vous allez me protéger contre tous les tracas de la vie et que vous forgerez pour moi un royaume merveilleux...
Non pas de candidat ?....Il faut peut-être que j'en rajoute pour qu'il y en ait un qui se décide enfin à assumer son rôle d'homme....Allez c'est parti pour le torrent de larmes...*

Altea se pencha sur l'épaule de Jade et se mit à sangloter :

- Jade tes mots me font tellement de bien ; ce n'est pas que je sois seule mais je me sens si vaine et inutile. Je ne vois plus de sens à ma vie. J'ai le sentiment d'avoir commis d'horribles actions, des crimes et des assassinats sans nom et tout cela pour quoi ?
Nous avons conquis tellement de terres, il fut un temps où je pensais ne jamais en avoir assez...Je ne rêvais que de victoires. Quand nous avons décrété la trève générale, c'est comme si j'étais revenue à la réalité , j'ai repensé aux villages que nous avions fait piller, aux massacres que j'avais ordonnés.
Je n'en trouvais plus le sommeil ; les enfants dont j'avais ordonné la mise à mort venaient me visiter chaque nuit. Je me suis jetée dans le jeu pour échapper à ces visions de terreur ; je ne dormais plus mais j'avais d'autres fantômes.

Quand vous m'avez suggéré de partir pour échapper à moi-même j'étais au bout du rouleau ... Mais on n'échappe pas aux conséquences de ses actes...
Jade, oh Jade, que dirait mon père s'il me voyait aujourd'hui ? A-t-il élevé sa fille pour qu'elle devienne un monstre ?

Altea tremblait en parlant et son front devenait peu à peu brûlant. Elle ne savait plus elle-même dans quelle part tenait la mise en scène dans la représentation de sa dépression qu'elle faisait aux babyloniens. Elle cherchait un soutien, un réconfort mais se complaisait aussi dans le spectacle de sa déchéance.

Elle cherchait un regard surtout, mais qui ne venait pas...

Je vis altea sangloter dans les bras de jade hime, que pouvait-il bien se passer? Ce n'est pas son habitude d'être comme ça et déjà au matin je ne la sentais tracassée par quelque chose.Je décidas de m'approcher des deux dames.
Arrivé à leur hauteur altea avait les yeux en larmes, un sentiment étrange monta du plus profond de moi et tant pis pour le protocole, je suis un homme mais j'ai quand même un coeur.Je tendis mes bras à altea...

- viens donc par ici, tant pis ce que pense les autres mais je veux bien te prêter mon épaule. Joignant le geste à la parole Je ne peux te laisser
comme ça.Je pris altea dans mes bras et elle posa sa tête tout contre mon épaule, je me sentais maladroit et ma main se posa sur sa tête comme pour la rassurer.

-Sache que si tu as besoin, je serai toujours là pour toi ainsi que tous les babyloniens et babyloniennes qui en sentiront le besoin.